SOCIETE DE SAINT JEAN

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PAUVRETE par le Père Jean-Jacques LAUNAY

PAUVRETE : 

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En saint Matthieu,VII-6-14, Jésus évoque une «porte étroite» qui conduit à la vie et dont nous comprenons aisément, grâce aux lignes précédentes, qu’elle est celle des commandements et de la charité.

En effet, le Seigneur vient de dire: «Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites le pour eux, vous aussi...». Nous pouvons nous souvenir encore, qu’au Livre de la Genèse(Gen. XIII, 2-12), Abraham laisse Loth choisir librement ses pacages afin d’évi- ter toute dispute entre neveux, acte de bonté et de justice sainte qui lui vaut de recevoir en don de Dieu la terre de Canaan, futur Israël.

La crise économique actuelle, en Europe, nous alerte, de façon renouvelée, sur nos modes de vie ainsi que sur la manière dont nous portons attention aux plus démunis. Quelle place est réservée à l’autre, à celui qui est diffé- rent, par la culture, les moeurs, peut- être, les moyens financiers, la capacité d’intégration au système sociétal? Quelle est ma préoccupation de l’autre, de cet alter ego, que je peux oublier, ne pas voir, ne pas connaître? Et, si mon coeur ne me laisse pas indifférent, comment la relation s’établit elle entre le «pauvre» et moi?

Suis-je dans une attitude de condescendance bien- veillante, quitte à prendre du temps et à donner de l’argent, ou bien ai-je la volonté de traiter le prochain comme tel, avec respect, bien sûr, mais aussi, avec dé- licatesse, discrétion, c’est-à-dire, en fin de compte, avec une mise à niveau égale? Là encore, s’agira-t-il d’une stratégie adroite, mais qui n’en pense pas moins, ou bien s’agira-t-il d’une sincère approche, humble et dé- sarmée, qui sera d’abord recherche de l’autre pour lui- même, désir et travail de communion?

Cette orientation est celle des mouvements actuels de fraternité. De grandes associations caritatives d’inspira- tion chrétienne s’interrogent à cet égard, constatant les fréquents échecs à réintégrer les personnes en difficulté. Il apparaît cependant que si la reprise du plein emploi est assez rare, au moins, la restauration de liens sociaux par l’accompagnement amical évite aux personnes en ques- tion de sombrer dans la névrose irrémédiable.

D’autre part, ne faut-il pas nous demander pourquoi le Christ insiste- t-il si fort sur les pauvres à notre porte? N’y aurait-il pas dans l’Evangile comme un «mystère» des pauvres? Derrière chaque pauvre, n’y aurait-il pas Le pauvre? Et celui-ci, ne serait-il pas aussi Jésus, ce- lui qui, comme l’enseigne Paul, de riche qu’il était s’est fait pauvre parmi nous, jusqu’au dépouillement absolu de la Croix? Se peut- il que sous la face parfois si détruite

des pauvres se cache la face humiliée, mais rédemp- trice et infaillible, du Fils de Dieu?

Y aurait-il une révélation salutaire par delà la condi- tion dévalorisante de la pauvreté? Ne sommes-nous pas tous, un peu, le pauvre de quelqu’un, ou pauvre en quelque chose... Et si, cessant de dissimuler, nous acceptions nos propres pauvretés; si au lieu de vivre en refoulant nos hontes, nous nous libérions en consen- tant humblement à reconnaître nos limites ou nos fautes? Ne deviendrions-nous pas alors des pauvres, capables, enfin, d’être frères des pauvres, non plus serviteurs d’une charité qui surplombe, voir qui écrase, mais animateurs d’un partage en toute simplicité? Ne retrouverions-nous pas la simplicité évangélique, comme une coloration franciscaine de la vie?

Notre être au monde ne serait-il pas tout autre et, pour nous, artistes ou artisans, ne ferions-nous pas surgir de nouvelles «images» où viendrait se refléter une antici- pation du Ciel?

Père. J-J Launay



29/07/2013
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