SOCIETE DE SAINT JEAN

SOCIETE DE SAINT JEAN

PAROLE D' AUMONIER


LE MINISTERE PUBLIC DE JESUS par le Père Jean-Jacques LAUNAY

LE MINISTERE PUBLIC DE JESUS

Le thème de la prochaine exposition de la Société est consacré à l'évocation du "ministère public" de Jésus. La période envisagée correspond donc aux supposées trois années (chronologie longue) d'activité de Jésus, en Palestine romaine, ou, plus précisément, en Galilée, en Syro-Phénicie, et enfin, à Jérusalem. 

 

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Désert par Alain LAPICORE



Illustrer un thème comme celui-ci n'est pas nouveau et la "concurrence" est, artistiquement parlant, tout à fait redoutable. En effet, depuis la Basse-Antiquité, dans l'art paléo-chrétien, au cours du moyen-âge byzantin et occidental, à la Renaissance et jusqu'à nos jours, quantité de peintres ou sculpteurs se sont évertués à travailler suivant l'inspiration des récits évangéliques.
Le décor des églises, mais aussi de maints palais princiers ou civiques, exalte encore pour nous l'écho infini de la prédication apostolique au long des siècles. 

Cette source sacrée et liturgique est entrée dans le domaine de la plus large culture et elle fournit à l'histoire de l'art une de ses parties essentielles.

Nous savons les limites à ne pas franchir si nous voulons être à la fois libres et en même temps respectueux des croyances encore vivantes auxquelles touchent les sujets que nous appréhendons. Ces sujets sont ceux de la foi chrétienne et de la catéchèse qui y introduit.

Nous rencontrons là le mystère religieux et tous ses soubassements dans la psyché humaine. Les narrations évangéliques posent de très gros problèmes historiques, quant à leurs auteurs, à leurs dates de composition, à leurs intentions même. 

Ce n'est pas le lieu, ici, d'en débattre; il suffit d'accepter le principe ecclésial d'inspiration des Ecritures qui valide en quelque sorte les propos des récits. Dieu a inspiré les différents auteurs des Synoptiques aussi bien que du quatrième évangile, sans oublier les épîtres.

Les "scènes" se rapportant au ministère public sont à considérer avant tout du point de vue moral et spirituel, comme expression concrète et quasi saisie au vol, de la parole et des façons d'agir de Jésus. Rendez cette vigueur et cette intelligence et vous ferez bien, à la mesure de votre talent.

Les grands artistes ont toujours été ceux qui travaillaient fort, qui avaient des dons réels, qui avaient aussi l'intelligence profonde de leurs sujets. 

La foi, certes, peut provoquer le souffle, voire la puissance imaginative; elle ne remplace pas les moyens techniques ni le goût sain des choses saines. Etre religieux n'est pas singer des mimiques de piété convenus et sujettes à la mode fluctuante... C'est plutôt coller au plus près à la réalité, c'est à dire à l'expérience grandiose aussi bien que très modeste des simples humains. 

 

Père Jean-Jacques LAUNAY

"canonicus parisiensis"


20/02/2014
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PAUVRETE par le Père Jean-Jacques LAUNAY

PAUVRETE : 

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En saint Matthieu,VII-6-14, Jésus évoque une «porte étroite» qui conduit à la vie et dont nous comprenons aisément, grâce aux lignes précédentes, qu’elle est celle des commandements et de la charité.

En effet, le Seigneur vient de dire: «Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites le pour eux, vous aussi...». Nous pouvons nous souvenir encore, qu’au Livre de la Genèse(Gen. XIII, 2-12), Abraham laisse Loth choisir librement ses pacages afin d’évi- ter toute dispute entre neveux, acte de bonté et de justice sainte qui lui vaut de recevoir en don de Dieu la terre de Canaan, futur Israël.

La crise économique actuelle, en Europe, nous alerte, de façon renouvelée, sur nos modes de vie ainsi que sur la manière dont nous portons attention aux plus démunis. Quelle place est réservée à l’autre, à celui qui est diffé- rent, par la culture, les moeurs, peut- être, les moyens financiers, la capacité d’intégration au système sociétal? Quelle est ma préoccupation de l’autre, de cet alter ego, que je peux oublier, ne pas voir, ne pas connaître? Et, si mon coeur ne me laisse pas indifférent, comment la relation s’établit elle entre le «pauvre» et moi?

Suis-je dans une attitude de condescendance bien- veillante, quitte à prendre du temps et à donner de l’argent, ou bien ai-je la volonté de traiter le prochain comme tel, avec respect, bien sûr, mais aussi, avec dé- licatesse, discrétion, c’est-à-dire, en fin de compte, avec une mise à niveau égale? Là encore, s’agira-t-il d’une stratégie adroite, mais qui n’en pense pas moins, ou bien s’agira-t-il d’une sincère approche, humble et dé- sarmée, qui sera d’abord recherche de l’autre pour lui- même, désir et travail de communion?

Cette orientation est celle des mouvements actuels de fraternité. De grandes associations caritatives d’inspira- tion chrétienne s’interrogent à cet égard, constatant les fréquents échecs à réintégrer les personnes en difficulté. Il apparaît cependant que si la reprise du plein emploi est assez rare, au moins, la restauration de liens sociaux par l’accompagnement amical évite aux personnes en ques- tion de sombrer dans la névrose irrémédiable.

D’autre part, ne faut-il pas nous demander pourquoi le Christ insiste- t-il si fort sur les pauvres à notre porte? N’y aurait-il pas dans l’Evangile comme un «mystère» des pauvres? Derrière chaque pauvre, n’y aurait-il pas Le pauvre? Et celui-ci, ne serait-il pas aussi Jésus, ce- lui qui, comme l’enseigne Paul, de riche qu’il était s’est fait pauvre parmi nous, jusqu’au dépouillement absolu de la Croix? Se peut- il que sous la face parfois si détruite

des pauvres se cache la face humiliée, mais rédemp- trice et infaillible, du Fils de Dieu?

Y aurait-il une révélation salutaire par delà la condi- tion dévalorisante de la pauvreté? Ne sommes-nous pas tous, un peu, le pauvre de quelqu’un, ou pauvre en quelque chose... Et si, cessant de dissimuler, nous acceptions nos propres pauvretés; si au lieu de vivre en refoulant nos hontes, nous nous libérions en consen- tant humblement à reconnaître nos limites ou nos fautes? Ne deviendrions-nous pas alors des pauvres, capables, enfin, d’être frères des pauvres, non plus serviteurs d’une charité qui surplombe, voir qui écrase, mais animateurs d’un partage en toute simplicité? Ne retrouverions-nous pas la simplicité évangélique, comme une coloration franciscaine de la vie?

Notre être au monde ne serait-il pas tout autre et, pour nous, artistes ou artisans, ne ferions-nous pas surgir de nouvelles «images» où viendrait se refléter une antici- pation du Ciel?

Père. J-J Launay


29/07/2013
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